Certains médias se sont, semble-t-il, intéressé récemment au drame maritime des « p’tits graviers » lors du naufrage de la Clarisse en 1847. Suite à ses recherches en 2015, l’Association Racines et Patrimoine a fait ressortir de l’oubli cette tragédie.
Le naufrage de La Clarisse
Par Michel Le Lan (Quemper-Guézennec 22)
Embarquant plusieurs quemperrois, La Clarisse fait naufrage à Terre-Neuve le 9 avril 1847.
La Clarisse était un brick de 105 tonneaux armé pour la pêche à Terre-Neuve. Elle partit de GRANVILLE le 7 mars 1847 à destination de SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON avec un chargement de sel et les apparaux nécessaires pour une campagne de pêche. L’équipage était au nombre de 77 hommes, enregistrés au rôle d’équipage. Lors de la distribution des vivres 7 hommes non-inscrits au rôle d’équipage se présentèrent. Il s’agissait d’enfants âgés de 12 à 15 ans, dont un François BELLEC âgé de 15 ans originaire de Quemper-Guézennec. Trop éloignée du port de départ, La Clarisse poursuivit vers sa destination. On assigna à chacun d’eux un travail de mousse.

Après une dure et longue traversée de l’Atlantique de près d’un mois, La Clarisse arriva en vue de SAINT-PIERRE le 9 avril 1847. Ce jour à midi, en arrivant avec ses 84 hommes sur le banc de SAINT-PIERRE, la mer était calme. Le capitaine fit procéder à un sondage qui détermina un fond de cinquante mètres. À six heures du soir, le capitaine reconnut le feu de SAINT-PIERRE distant d’environ 9 miles. Il fit route vers la passe Sud-Ouest.

Après avoir doublé le Cap Noir, la neige tombant en grande abondance, il perdit de vue le feu de SAINT-PIERRE. Tous les hommes étaient à la veille, ils aperçurent le Rocher Bertrand. Tous les marins savent que par un jour de tempête la navigation autour des îles est très dangereuse. À huit du soir, le navire toucha et fut jeté à la côte à la hauteur de l’anse à Philibert. Ne pouvant sauver le navire, le capitaine s’occupa du salut de ses hommes. Il fit alors tirer un coup de canon pour appeler les secours. L’assiette du navire était déséquilibrée, une lame plus importante s’abattit sur le navire qui chavira. La chaloupe mise à la mer chavira également. En entendant le coup de canon et les cris de l’équipage, plusieurs personnes sur le rivage allumèrent des feux. Plusieurs hommes de l’équipage furent brisés sur les rochers. La mer déferlait avec violence.
Seules 20 personnes et le capitaine réussirent à rejoindre le rivage.
Le dix avril 1847 fut une journée douloureuse. Sur le rivage, 63 cadavres et divers débris du navire furent recueillis dans les heures qui ont suivi le naufrage. Parmi eux se trouvaient des « p’tits graviers » qui avaient quitté leur Bretagne ou Normandie natale. Le cimetière de SAINT-PIERRE n’étant pas assez grand pour recevoir toutes ces victimes, elles furent inhumées à l’Anse de Tavet.

Bilan du naufrage

Parmi les naufragés nés à QUEMPER-GUEZENNEC, figurent au registre des décès de l’année 1848 :
– BELLEC François 15 ans
– PAUSSET Jean Marie 17 ans
– JANVIER Louis 19 ans
– TOURIMENT François 17 ans
– OLLIVIER Pierre Marie 20 ans
– TILLY Honorat 17 ans
– MOEZAN Vincent 20 ans
– HAMON Jean Marie 18ans
Les décès des naufragés suivants nés à Quemper-Guézennec ne figurent pas au registre des décès de l’année 1848 :
– PRIGENT Paul 20 ans
– ALLEVAT Yves Marie 18 ans
– LE GARERES Jean Marie 17 ans
– LE LER Pierre 17 ans
Une Place leur est dédiée à Quemper-Guezennec.
Sources :
– Service Historique de la Défense
Cette douloureuse aventure a été contée dans une « gwers ».
Les « p’tits graviers »

Naufrage du brick goélette "Blanche et Louis"
4 Octobre 1891
Grand banc de Terre-Neuve. Construit en 1875 à Verton , immatriculé à Granville ,125 tonneaux.
Parti de Granville le 15 mars 1891 avec un équipage de 25 marins, est arrivé le 30 septembre 1891 au mouillage sur le grand banc de Terre Neuve, à proximité du brick « Duc de Granville « , qui appareillait, ce jour, pour rentrer sur St Pierre et Miquelon. Depuis cette date du 30 septembre le « Blanche et Louis » n’a pas réapparu.
Or, quelques jours plus tard, dans la nuit du 3 au 4 octobre 1891, par une mer très grosse, le brick goélette le « Maurice » de St Malo abordait et coulait un navire dont le nom et la nationalité étaient alors inconnus.
Les circonstances et la date dans lequel se produisit cet évènement coïncident avec les positions et les mouvements présumés du navire « Blanche et Louis », firent supposer que c’était ce dernier qui avait été abordé. L’enquête à laquelle procéda la marine ultérieurement ne laisse aucun doute à ce sujet.
Ont péri dans ce naufrage douze Costamoricains :
Toussaint Kerneau, âgé de 35 ans, né à Coatréven, domicilié à Quemper-Guézennec, marié à Marie Yvonne Henry.
Guillaume Le Chevis, de Pontrieux
François René Le Goff, de Pontrieux
Yves Marie Derrien, de Pleudaniel
Jacques Lucas, de Ploumagoar
Jean Marie Thomas, de Lanrodec
Jean Marie Le Bouedec, de Plouëc-du-Trieux
Yves François Le Guen, de Pontrieux
Yves Marie Bonbony, de Ploëzal
Yves Jannin, de Ploëzal
Guillaume Herviou, de Ploëzal
François Le Guilcher, de Ploëzal
À ces pertes s’ajoutent treize marins originaires d’autres départements, également victimes de cette tragédie.
LE LAN Michel « Racine s et Patrimoine »
Source .SHD.