Le tableau du Rosaire

une œuvre d’art à restaurer

Des générations ont pu observer de loin un tableau imposant accroché à 8 mètres de hauteur au-dessus du porche de l’église. Il obstruait la porte des sonneurs de cloches. Il pourrait avoir été installé à cet étrange emplacement après l’électrification des cloches en 1953, qui rendait inutile cette porte fenêtre donnant sur la nef. À notre connaissance, personne n’a souvenir de le voir ailleurs.

Descendu à l’occasion des premiers travaux de réfection des peintures de l’église à la fin des années 1980, il a connu quelques réparations de fortune puis a été replacé au-dessus du porche.

Lors de l’exposition Fleuriot de Langle installée en 2004 dans l’église, un visiteur, Jean René Donguy, s’interroge sur l’auteur de ce tableau. Il pourrait s’agir de son arrière-grand-père Raphaël Donguy (1812-1877), peintre briochin de tableaux religieux.

L’association Racines et Patrimoine propose de s’y intéresser. Le tableau est descendu en 2005 et placé dans la sacristie. Il s’avère que la toile, qui pourrait dater du milieu du XIX ème siècle, ne comporte ni signature ni date visible. Elle reste donc à ce jour dite de Raphaël Donguy. Constatant une toile très abîmée, l’association alerte la Commune et l’invite à envisager une restauration au regard de son intérêt patrimonial.

Description du tableau

D’une hauteur de 175 cm sur 120 cm de large, l’huile sur toile est insérée dans un cadre en bois peint en noir et listel doré. Le tout mesure 195 cm sur 138 cm et 8 cm de profondeur.

La scène religieuse présentée est particulièrement fréquente dans l’art religieux en Europe occidentale à partir du XVIIème siècle. On la trouve en nombre dans nos églises et chapelles sous forme de vitraux, retables ou tableaux. Cette représentation est présente par exemple à Pontrieux, Runan, Lannion, Paimpol, Pleubian.

Appelé La Donation du rosaire, La Remise du rosaire, Le Don du rosaire ou encore L’Institution du rosaire, ce tableau évoque la tradition selon laquelle la Vierge apparaît à Dominique de Guzmán (1170-1221) à Albi, en 1210, et lui remet un chapelet qu’il dénomme «couronne de roses de Notre-Dame». Grâce à ce chapelet, Dominique triomphe de l’hérésie albigeoise. La dévotion dominicaine à la Vierge du Rosaire est instaurée au XVème siècle.
La Vierge assise, portant l’enfant Jésus sous son bras gauche, est représentée tendant le chapelet à Saint-Dominique. L’Enfant offre le rosaire à Sainte-Catherine de Sienne. Quinze médaillons, les 15 mystères du Rosaire, représentatifs de la vie de Jésus, encadrent les personnages principaux. Se lisent ainsi de droite à gauche : l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation, le Recouvrement de Jésus au temple, l’Agonie au Mont des Oliviers, la Flagellation, le Couronnement d’épines, le Portement de croix.

Les pistes de la restauration

Sollicitée par Racines et Patrimoine, la Conservatrice des Antiquités et Objets d’Art des Côtes-d’Armor visite l’église en décembre 2019. Plusieurs éléments du patrimoine religieux sont recensés et inspectés pour une éventuelle restauration en particulier les statues de la Piéta, le Saint-Jean-Baptiste et le tableau du Rosaire. La Conservatrice émet des préconisations en juin 2020 sur les opérations à effectuer sur ce tableau. Il s’agit d’un traitement devant « comporter des interventions de conservation, afin de prévenir les risques de dégradation, et de restauration à proprement parler, de manière à réduire les déformations du support et de la couche picturale d’origine, et à faciliter la lecture de l’œuvre ». Les préconisations sont transmises à des ateliers de restauration spécialisés. L’association accompagne en 2021 les entreprises qui se rendent sur place pour préparer leurs devis.

Dans son constat sommaire remis à la Commune en février 2023, l’Atelier Claire Le Goff indique que « cette œuvre a souffert de mauvaises conditions de conservation. Elle a déjà subi des restaurations par le passé. La toile, composée de deux lés de toile assemblés par couture, est fortement fragilisée. (…) Une restauration fondamentale est nécessaire. »

« La couche picturale assez fine présente de nombreuses usures. (…) Une couche de crasse est présente sur la surface. (…) La toile a perdu de sa tension au support. (…) Le châssis de forme est très altéré avec des lacunes de bois. Il n’est pas possible de le conserver. » Selon le protocole de traitement proposé, l’intervention pourrait durer environ 3 mois. Selon l’Atelier CoRéum, consulté pour la restauration du cadre et la repose du tableau du Rosaire, « le cadre a été précédemment restauré avec des modifications des assemblages et des dimensions originelles ». Il émet l’hypothèse que le cadre proviendrait « sans doute d’un retable ou de boiseries (…) avec une toile peut-être directement pointée au revers d’où la multitude de pointes présentes à intervalles réguliers au revers ».

Plusieurs devis ont été reçus en 2022, 2023 et 2024 pour la restauration de l’huile sur toile associée à la restauration du cadre. Le budget de restauration serait de l’ordre de 10 500 € HT. À ce jour, le tableau est toujours sans emplacement dédié dans l’église où il continue de subir les aléas du temps.
L’association cherche une solution pour que sa restauration puisse être engagée en 2025 avec le plan de financement adapté. La Commune pourra ainsi entreprendre la sauvegarde de cette œuvre dont elle est garante en tant que propriétaire.

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